Sous un ciel menaçant de crise environnementale et des horizons économiques incertains, nous pouvons tous contribuer à changer le monde pour un avenir meilleur et réduire les dégâts.
L'industrie de la construction est responsable d'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, mais est nécessaire pour offrir un toit à tous. L'architecte est au cœur de ce processus, et cette année je me suis demandé comment je pourrais participer, moi aussi, de manière plus active à rendre le monde meilleur.
1 -Pour la sobriété de la construction (LEAN)
Tout d'abord, construisons économique en matériaux et en énergie. Construire devrait être un acte sobre, réfléchi, qui fait appel au mode constructif le mieux adapté au projet et à son contexte. Faisons appel au savoir-faire, aux matériaux et au tissu économique locaux. Minimisons les couts en énergie grise en transports et concevons des bâtiments rationnels, avec une enveloppe compacte qui rend le bâtiment plus performant tant en matériaux qu'en énergie.
Ensuite, concevons des bâtiments qui correspondent exactement aux attentes du client et des utilisateurs. Eliminons le superflu, embrassons la simplicité de la fonctionnalité. Offrons des bâtiment faciles à vivre, à utiliser et à maintenir sans équipements incroyables (passerelles techniques, nacelles, etc), car la vie du bâtiment représente 75% de son cout carbone global.
Enfin, pour en arriver là, travaillons ensemble, maîtrise d'œuvre , maîtrise d'ouvrage et constructeurs, mais également futurs utilisateurs, équipes de maintenances et démolisseurs. Utilisons notre énergie intellectuelle à répondre aux besoins de tous ces acteurs, et peut-être fabriquerons nous des bâtiments moins impactant à construire, maintenir et utiliser
2- Minimiser l'impact du bâtiment sur son environnement
Le bâtiment n'est pas un bien non périssable. Comme toute chose, il a une fin de vie qui doit être prise en compte, car le bâtiment ne devient un déchet que lorsqu'il est désuète, et que nous devons le démolir sans capacité de revalorisation. Concevons donc des bâtiments que nous pourrons réutiliser ou déconstruire pour pouvoir récupérer, réutiliser ou recycler ses composantes. Ne faisons pas de la fin de vie du bâtiment un prix supplémentaire à payer pour l'environnement.
De la même manière, préservons les sols, même sous les bâtiments. Ils seront peut-être un jour libérés de leur occupation, et devront retrouver leurs potentiel originel. Construisons donc léger, oublions les matériaux lourds et fabriquons des bâtiments qui ne nécessitent pas des centaines de mètres cubes de béton en fondations. Privilégions les fondations réversibles, idéalement les pieux vissés et les appuis ponctuels.
Mettons également fin à l'esclavage moderne qu'est le chantier dans de nombreuses situations, revalorisons le travail sur site, les métiers du bâtiment. Les constructeurs méritent la même attention que les autres métiers, et le même confort de travail. Trouvons des modes de construction qui permettent aux salariés d'être au chaud (ou au frais), à l'abri des intempéries, et équipés des bon outils pour construire les monuments de demain.
3 - Privilégier les solutions qui préservent l'environnement
Favorisons le recours aux matériaux biosourcés, qui sont capables de se régénérer en captant du carbone. Mais faisons le correctement, car construire en bois n'a d'intérêt que si on gère sa provenance, et surtout si on assure que les arbres seront replantés. Faisons du bâtiment un outil de captation et de stockage du carbone plutôt qu'une usine à gaz à effets de serre.
(Re)-Mettons en œuvre les matériaux réutilisables par nature, comme la pierre ou la terre crue, ces matériaux qui ne se renouvellent pas rapidement (pas à l'échelle d'une vie humaine), mais que nous pouvons réutiliser lorsque nous démolissons un ouvrage, avec un minimum d'énergie. Arrêtons d'épuiser les ressources de la planète en les transformant en d'autres matériaux (sable par exemple)
Enfin, arrêtons de faire la guerre aux matériaux recyclables dans le bâtiment. L'acier et le verre sont certes très énergivores à créer, mais peuvent être recyclés de manière quasi intégrale, et leur valeur n'est donc pas perdue. Mettons en œuvre ces matériaux aux caractéristiques extraordinaires aux bons endroits, afin de tirer le meilleur de leurs capacités avec un impact minimal sur la planète.
Soyons architectes de notre futur
Nous, architectes, avons un nombre important de responsabilités. C'est un fardeau, mais également une opportunité extraordinaire. Après tout, il ne tient qu'à nous d'écrire un meilleur futur pour notre environnement bâti.
Donc il est peut-être temps de s'arrêter pour écouter notre monde, notre environnement, de sortir des idées préconçues et des chemins battus, réfléchir vertueux et innovant. Intéressons nous à toutes les études sur les matériaux, au vrai coût d'un bâtiment, économique, écologique et social. Menons la discussion, la recherche, et travaillons ensemble à la construction du monde de demain.