Lettre aux industriels et architectes : Architecture et construction hors site, la clé est de s’approprier la technique

L’ensemble de mes démarches actuelles s’articule autour de rencontres, notamment avec des architectes, dans un cadre d’expression libre au sujet de la construction hors site; le but étant de mieux comprendre comment peut se créer une symbiose essentielle au développement de ce mode constructif. Cet article reflète mon ressenti au travers de ces rencontres.

Ma conclusion ? Le vrai problème réside dans la connaissance des techniques qui permet la maîtrise de la conception architecturale de bâtiments fabriqués hors-site.

Explications.

Le voile de la banalisation

Le mot hors-site a tendance à susciter des réactions assez fortes, et souvent polarisées face à ce mode constructif. Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut replacer l’architecte dans son contexte. L’architecte a une mission d’utilité publique, et a pour devoir de préserver et de garantir la qualité de la ville et du lieu de vie de ses habitants.

Hors, d’une part, la dynamique du hors-site est insufflée par des nécessités écologiques, climatiques et environnementales, et la transition n’est pas ressentie comme une initiative des architectes mais une imposition.

D’autre part, il est difficile de séparer le hors-site de son application la plus radicale : le modulaire 3D. Cette technologie, qui trouve parfaitement sa place dans certains cas d’application, n’est pas représentative de l’éventail des solutions disponibles. Mais cela, tout le monde ne le sait pas.

Enfin, sur ce fond de banalisation de la technique se superpose un passé peu glorieux, et une stigmatisation du hors-site autour de la cabane de chantier qui associe au hors-site une image peu architecturée.

La réalité du hors-site

Mais la réalité du hors-site, comme toute nouvelle approche constructive technique ne repose pas dans la sagesse populaire, et il faut éviter le piège de la banalisation.

Le premier constat est que personne ne nous impose le hors-site. Mais face à l’urgence environnementale et à ses enjeux colossaux, il est de notre responsabilité, nous, architectes, de nous emparer de ces problématiques. Choisir la méthode de construction la plus durable est de notre devoir, nous devons construire plus vertueux, flexible, démontable, recyclable et cette approche est une réponse incontournable.

Le deuxième constat est que le hors-site, même modulaire, peut être beau. De nombreux exemples existent à l’étranger et un certain nombre en France. Le hors-site n’est qu’une méthode constructive et c’est toujours l’architecte qui maîtrise la conception, la composition et l’image de son bâtiment.

Le troisième est que les techniques de construction hors site sont nombreuses et riches de matériaux, de performances, de solutions techniques innovantes. Construire hors-site, ce n’est pas empiler des boites, mais c’est composer un bâtiment avec des techniques et des éléments variés, de la même manière qu’un compositeur assemble des notes pour créer une œuvre musicale.

Mais le plus important, c’est que les architectes réalisent qu’ils construisent déjà hors site. Ce mot n’est que la définition de processus qui existent déjà, mais qui sont abordés sous un autre angle. Poteaux et dalles préfabriquées, murs à ossature bois, systèmes complets de CVC, pieuvres électriques sont autant de systèmes hors site qui sont d’usage courant.

Le vrai problème de l’architecte

Le vrai problème n’est pas le hors-site en lui-même. Lorsque l’on égratigne un peu la surface des arguments creux de la standardisation, nous dévoilons un monde de problématiques et de possibilités au service de l’architecture et de l’environnement.

Après tout, nous, architectes, sommes au service de la qualité du bâtiment dans son ensemble, et tout ce que nous défendons est notre capacité à concevoir des bâtiments qui répondent à un usage, un environnement urbain, un contexte politique et environnemental, et une multitude d’autres critères, et ce n’est pas la construction hors site qui nous limite.

Ce sont nos connaissances. Connaitre le milieu, connaitre les techniques constructives à notre disposition, connaitre nos libertés d’écriture architecturale, en une phrase maîtriser les technologies constructives pour remplir notre mission auprès du public.

Mais bien entendu, Il ne suffit pas de reconnaitre la source du problème pour le résoudre. Nous sommes des constructeurs, des hommes et femmes d’action. Alors de la même manière que nous nous sommes approprié les technologies constructives précédentes, soyons à l’initiative de l’intégration de ces techniques inévitables dans la qualité de nos conceptions.

Faites-vous connaitre

Avec BIMfox, nous travaillons à l’intégration de l’ensemble des acteurs de la construction dans une réflexion commune constructive. Rejoignez-nous dans cette réflexion, et faites valoir vos points de vue et vos expériences.

La clé de l’appropriation des techniques, c’est vous, industriels. Nous avons besoin de nous approprier vos techniques, de connaitre les produits qui existent pour les mettre en œuvre dans nos conceptions, de la manière la plus intégrée et la plus intelligente possible. Nous avons besoin de comprendre vos contraintes et toutes les possibilités de vos produits afin de les intégrer dans des bâtiments qui correspondent aux attentes des architectes, des utilisateurs et des politiques.

Je fais donc appel à vous pour vous faire connaitre, pour nous contacter et voir comment, ensemble, nous pouvons créer une base intelligente au service de la diffusion de la culture du hors-site, comment nous pouvons nous structurer et faire du hors-site une technique de construction courante.


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